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Colloque Nîmes - 17 - 20 septembre 2009

Colloque Nîmes


Mesdames et Messieurs,

Il eût été regrettable qu'il n'ait pas été réservé à la Course Camarguaise une place, si petite soit-elle,dans un colloque consacré au droit  taurin.

C'eût été méconnaître une particularité régionale à savoir la présence immémoriale du  taureau  dans le delta de la Camargue et de ses environs qui explique la relation passionnelle  entretenue avec lui. C'est pourquoi on peut, sans grande crainte d'être contredit, affirmer que la tauromachie, c'est-à-dire, le combat avec un taureau, est née naturellement chez nous et n'est pas le produit d'une importation .      

Sans entrer dans un long développement qui serait hors propos en la circonstance, il n'est pas inutile de rappeler que depuis des millénaires le taureau dit de race camargue    fréquentait

les marais incultes et inhospitaliers du delta du Rhône. Animal sauvage, rétif à la domestication quoique certains s'y fussent essayé, il excitait à la fois crainte et admiration à la population locale. C'est ainsi que lorsqu'il arrivait qu'on l'amenât dans nos villages pour y être sacrifié et consommé, la jeunesse se plaisait à s'en amuser en le saisissant pour l'attacher à une longue corde et le promener à travers la population. La présence du fauve maîtrisé fascinait la foule de laquelle quelques intrépides jeunes gens s'extrayaient pour le provoquer. Il arrivait de l'enfermer dans des cours, enclos où on s'en amusait de façon multiple en s'abritant derrière des balles de paille, tonneaux, et divers objets ,manifestations désordonnées.

ARLES ou à NIMES où il existait des arènes, il arrivait de le faire combattre avec des fauves ; c'est ainsi qu'en 1564, Charles IX et sa mère Catherine de Médecis, de passage à ARLES, firent combattre une lionne de leur ménagerie avec une génisse, combat qui tourna au désavantage du malheureux fauve, nullement habitué à tuer un animal pour se nourrir.

En juillet 1897, lors de la grande foire de BEAUCAIRE, un combat fut organisé entre un taureau et un ours .

Ces manifestations particulièrement désordonnées et dangereuses entrainèrent maintes fois leur interdiction; c'est ainsi que LOUIS XIV interdit les combats de taureaux dans la déclaration de Saint Germain en Laye le 27 février 1677,, interdiction sans effet puisque non respectée comme par la suite bien d'autres ultérieures qui suscitèrent des émeutes à Aigues Vives, Nimes et Beauvoisin le 7 mai 1851, tant les populations étaient viscéralement attachées à ces jeux.

C'est ainsi que ,peu à peu, se développèrent d'autres jeux : accrochages d'attributs divers entre les cornes, installation d'un mât de cocagne au centre de l'aire de jeu, jeu du manteau, usage de perche pour sauter au dessus du taureau....

 

Mais de tous , les spectateurs privilégièrent l'enlèvement de l'attribut entre les cornes, exercice dangereux ,requérant adresse et courage. Ainsi il en était fini des jeux anarchiques et peu valorisants pour le taureau qui était plus maltraité que considéré comme un combattant

 La course à la cocarde était née !

Mais cette naissance s'inscrivait dans un contexte inorganisé. Petit à petit on prit conscience de la nécessité de créer des arènes; à l'origine elles étaient temporaires, constituées de charrettes et de planches : puis il fallut écarter de la piste les badauds et troublions, personnes peu courageuses qui empiétaient sans grands risques dans l'arène pour satisfaire leur seule émotion au préjudice des courageux s'élançant vers la tête du taureau pour y appréhender la cocarde; il apparut peu à peu opportun de doter l'attribut d'une certaine somme d'argent pour exciter le courage puis d'en entretenir celui ci par l'octroi de primes lorsque la bête défendait avec pugnacité ses attributs.

Une réglementation paraissait s'imposer mais difficile à mettre en  place. Certes certains organisateurs de spectacles avaient tenté ,dans leurs propres arènes, d'imposer un règlement : appositions d'affiches fixant le montant des attributs, interdiction de pénétrer en piste et nombre de « raseteurs » limité, tenue vestimentaire annoncée...

A VAUVERT, en 1904, il est interdit d'attaquer le taureau avant 2 minutes de présence dans l'arène;

A ARLES le 17 juin 1906, une commission est chargée d'organiser le placement de la cocarde et les conditions de son enlèvement , il est prévu d'exiger une tenue vestimentaire appropriée à tous les  raseteurs participant à la course.

A LUNEL en 1913, il est interdit aux gêneurs et curieux d'envahir la piste, de gêner les raseteurs,en rendant les taureaux distraits;

Suite à la promulgation de la loi sur les associations des clubs taurins se créent dans presque tous les villages de tradition taurine. Sous leur impulsion et leur concertation va se mettre en place un processus de réglementation.

C'est ainsi qu'en 1912 se tient pour la première fois un congrès de la Fédération Taurine qui ébauche une réglementation :

  • imposition du crochet provençal seul autorisé pour enlever les attributs,
  • obligation de respecter 2 minutes après l'entrée en piste du taureau avant de l'attaquer,
  • l'attribution du ¼ du prix de la cocarde à celui qui l'a coupée et les ¾ à celui qui l'enlève .

En 1928 est créée la Cocarde d'Or dont le règlement strict a servi de fondement à celui appliqué actuellement.

Par la suite plusieurs pré-congrès sont tenus :

le 1er à ARLES sous l'impulsion de POULY, président de l'Union des éleveurs de taureaux de combat,

le 2èm, toujours à ARLES en mars 1938, par l'association des raseteurs.

A l'occasion de  ces 2 congrès, chacune des associations a fait part de ses nouvelles résolutions et modifications à apporter au règlement.

Le 17 février 1963, la Commission de la Course à la Cocarde décide qu'un congrès se tiendrait le 24 mars 1964 à l'occasion duquel serait élaborée le CHARTE de la Course Camarguaise

C'est le 2 septembre 1975, que sera fondée la FEDERATION FRANCAISE DE LA COURSE CAMARGUAISE, ayant pour objet « de maintenir et propager le sport constitué par la course camarguaise, émanation directe d'un folklore ancestral issu des régions du Languedoc et de Provence, de nature à développer les qualités physiques et d'adresse et de courage des pratiquants de ces régions » (art 1 des statuts)

On ne peut s'empêcher d'être critique envers cette rédaction qui oublie le principal acteur à savoir le taureau !

C'est ainsi qu'on omet de relever que la course est un combat qui se joue entre des hommes et un animal qui se bat pour défendre ses attributs; or les statuts l'ignorent !

L'art 1 A   se limite à définir la course camarguaise en « un jeu sportif se déroulant face à des taureaux de race camarguaise et dans lequel s'exprime, entre autres, la jeunesse du Languedoc et de Provence, qui doit y faire preuve de souplesse, dextérité et courage »

Cette fédération va se doter d'une réglementation particulièrement rigoureuse qui met fin à l'anarchie antérieure qui dévalorisait le spectacle en lui ôtant tout intérêt.

 

Il fallait tout d'abord mettre de l'ordre dans l'organisation des courses : plus question de laisser concourir de jeunes gens inexpérimentés devant des taureaux âgés et dangereux et de faire concourir en même temps des bêtes de tous âges; c'est pourquoi en premier lieu il va être décidé d'organiser les courses en 3 catégories :

  • courses dites emboulées c'est-à-dire à cornes protégées,
  • courses de protection avec taureaux âgés de 5 ans maximum ou vaches de 6 ans maximum, courant à cornes nues; elles sont réservées aux stagiaires;
  • courses de compétitions ou assimilées autrement appelées royales, concours de manades, courses de taureaux jeunes, courses d'étalons.

Toutes les courses sont organisées par différentes organisations et associations sous l'égide et le contrôle de la fédération.

La Fédération de la Course Camarguaise se voit reconnaître un pouvoir considérable celui de chapeauter tous les clubs et tous les participants au monde taurin.

Elle est placée sous la tutelle du Ministère de la Jeunesse et des Sports au même titre que toutes les fédération sportives et s'est vue reconnaître une mission de service public.

La Réglementation

Bernard FONTAINE

Avocat honoraire

Membre de l'Académie de Nîmes

Membre de la Commission de Discipline de

la Fédération Française de la Course Camarguaise